L’ETE
l’électrique se lie si bien à la mer la saloperie de mer électrique
la saloperie de mer je m’étais promis de ne plus en traiter
de faire un sujet de ses pôles attractifs
elle vire à l’iode transparent, elle vire à la langueur mutique
elle vire lentement princesse de l’été, saloperie d’attrape-moustiques
mutisme éternel et princesse de l’été
grande béante de l’été vous pique comme une mouche
mutisme éternel, princesse de l’été vous colle aux narines un lait de bébé
mutisme mutique
la mer électrique vous dresse le portrait de quelques navires stupides
au loin dans sa matière figée
au loin dans sa matière figée la mer électrique, éternelle graisse bleutée
la mer vous attire et vous colle son éternité
***
AVEC MA CIGARETTE DE CANNABIS
Avec ma cigarette de cannabis quand vient juillet
Vient le lac et sa verdure viennent les allées
Les eaux troubles nichées d’écrevisses les pas jaunis
Les pas civilisés les pas voyous font des trouées
Avec ma cigarette de cannabis je vais en compagnie
Je vais aux anges aux rires des blagues de mes amis
Je vais multiple sous le bras vivant de mon délire
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PONCIF
j’ai vécu un millier de rêves de train un millier de poèmes à la suite
tous logés au cerveau
tous ligotés à ma propension à voir, laisser passer les désirs
j’ai si bien vécu
ce train qui mène, s’insinue le jour de gares en gares
l’inde profonde, la campagne française, européenne
j’ai tout vécu par ces rêves tout le possible du monde par mon cerveau
le voyage se fait, précision du wagon dans le brouillard du sommeil
j’ai façonné le moindre détail, la moindre nervure, le sourire de la passagère
à chaque fois, toujours on se serait cru dans un téléfilm
le train avance comme s’insinue le serpent dans une vigne
le train rural, fait d’acier, train ancien lorsqu’on savait voyager
la terre à chaque fois est riche on dirait une inde profonde
la poitrine d’une femme
une jungle comme on la projette dans l’enfance
il n’y a plus de temps autre que ce soleil factice, déclinant, brûlant
un long train à chaque fois me brûle et je dois m’arrêter
FLORIAN THOMAS