Le vide
I.
Peut-être que
le vide
dans cette pièce
Entre la table panthère
et le toboggan
La lanterne orange
La matriochka qui rugit
N’est pas vraiment un vide
peut-être
presque même
le contraire du vide
II.
Et pourtant en dedans
entre les particules
de la matière
La solitude
Et l’ennui
III.
Et pourtant
si on enlève le plein
Il reste encore le vide
Peut-être donc
que le vide en dedans
est l’angoisse du dehors
Et qu’il faut se cadenasser
en dedans de soi
Pour ne pas se sentir
vide de soi
Juste vide du monde
Loin du monde
se vider du monde
IV.
Pour que le vide arrête de nous violer
de nous faire pleurer les yeux
comme une rafale
de gaz lacrymogènes
et de nous faire
pleurer les veines.
***
dans l’angle
dans l’angle où on dort
les piles de vêtements sales
la puanteur moite
le drap tâché de sang
sous les jambes allumettes
le froid découpé vif
la nuit
les bâillements de la fenêtre
sur la fatigue de la rue
la solitude des passants
et ce corps étranger
allongé sur le mien
***
Azurs
C’était à Brooklyn
entre les lampes
et les phares
et les lampadaires
On roulait
sur les flaques
azurées
de kérosène
Avec nos cernes
blafardes
comme les trottoirs
les soirs
de sortie de cinéma
Quand l’asphalte désertique
et le silence cauchemar
dans la nuit écrin de lune
et le bleu nénuphar.
MARINA SKALOVA
Marina Skalova est née à Moscou le 30 novembre 1988. Titulaire d'un Master en Lettres, Arts et Pensée Contemporaine, elle étudie actuellement à la Haute Ecole des Arts de Berne, en écriture et traduction littéraire. Elle est également journaliste indépendante pour différentes publications, notamment pour la revue culturelle Cassandre/Horschamp.