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Channel: Le Capital des Mots.
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LE CAPITAL DES MOTS - MARINA SKALOVA

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Le vide

I.

 


Peut-être que
le vide
dans cette pièce

Entre la table panthère
et le toboggan

La lanterne orange

La matriochka qui rugit

N’est pas vraiment un vide
peut-être
presque même
le contraire du vide

 

 

II.

 


Et pourtant en dedans
entre les particules
de la matière

La solitude

Et l’ennui

 

 

 

III.

 


Et pourtant
si on enlève le plein

Il reste encore le vide

Peut-être donc
que le vide en dedans
est l’angoisse du dehors

Et qu’il faut se cadenasser
en dedans de soi

Pour ne pas se sentir
vide de soi

Juste vide du monde

Loin du monde
se vider du monde

 

 

IV.

 


Pour que le vide arrête de nous violer

de nous faire pleurer les yeux
                                             comme une rafale
                                             de gaz lacrymogènes
et de nous faire
pleurer les veines.

 

***

dans l’angle

dans l’angle où on dort
les piles de vêtements sales
la puanteur moite

le drap tâché de sang
sous les jambes allumettes
le froid découpé vif

la nuit
les bâillements de la fenêtre
sur la fatigue de la rue

la solitude des passants
et ce corps étranger
allongé sur le mien


 

***

 

Azurs

C’était à Brooklyn
entre les lampes
et les phares
et les lampadaires


 

On roulait
sur les flaques
azurées
de kérosène


Avec nos cernes
blafardes

comme les trottoirs
les soirs
de sortie de cinéma

Quand l’asphalte désertique
et le silence cauchemar

dans la nuit écrin de lune
et le bleu nénuphar.


 

MARINA SKALOVA

 

 

 

 Marina Skalova est née à Moscou le 30 novembre 1988. Titulaire d'un Master en Lettres, Arts et Pensée Contemporaine, elle étudie actuellement à la Haute Ecole des Arts de Berne, en écriture et traduction littéraire. Elle est également journaliste indépendante pour différentes publications, notamment pour la revue culturelle Cassandre/Horschamp.


LE CAPITAL DES MOTS - EDOUARDO

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Je passe outre...

Je passe outre

Cette vie minuscule
Et je rentre de plain-pied
Dans le monde du néant
Où tous les espoirs
Sont permis
Même celui
De la vie éternelle.
Au bout du tunnel
Mon père me pardonnera
De ne pas être allé
À son enterrement
Et ma mère me chantera
Une vieille chanson napolitaine
Comme au bon vieux temps
Où la vie
Avait un sens
Et la mort
N'était
Qu'un danger lointain.

 

***


Il me tarde...

Il me tarde
De revoir
Un ciel
Sans nuages
Et un petit oiseau
Sur une branche
Du cerisier.
Tout ça
Ce n'est rien
Mais c'est déjà
Beaucoup
Quand on vit
Enfermé
Dans une prison
Sans barreaux
Où seul
Le sommeil
Guérit
Les peines.

***

La pluie...

La pluie
De cette nuit
A réveillé
Ma douleur.
Tout
M'est revenu
D'un coup.
Je suis
Comme un pigeon
Passé
Sous
Un camion.

 

 

EDOUARDO

 

 

Il se présente :


Eduardo Pisani, appelé aussi Edouardo, est un peintre et un poète.
Dans sa jeunesse, il a été chanteur.

Toile acrylique X sur scène - © Edouardo    - DR

Toile acrylique X sur scène - © Edouardo - DR

LE CAPITAL DE MOTS- MARCIA MARQUES-RAMBOURG

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Sept juillet

"Aujourd'hui

Maman est morte."

A six heures loin d'ici

Je ne sais pas
Peut-être

Je ne sais plus marcher seule

Mais je cicatrise

Seule

Je marche

J'avance

Ici

Je recolle ma peau

Écorchée,  neuve

Je cours après maman

J'ai quatre ans

Je joue avec ma mer

Sur le sable

Sur le banc

Je cours

Je parle à

Ma mère

Dans l'incompréhensible

Étranger

Pays

Des larmes.

 

MARCIA MARQUES-RAMBOURG

 

 

 

Márcia Marques-Rambourg est une enseignante et poète franco-brésilienne. Vit en France depuis 2004. Collabore dans plusieurs revues de poésie (Recours au Poème, Le Zaporogue, Haies Vives, Pequena Morte, La Revue des Ressources,...). A publié cinq recueils de poèmes et plusieurs textes portant sur la philosophie, la littérature comparée, la poésie et la photographie. Son texte le plus réussi est né un jour d’été, en 2009.

LE CAPITAL DES MOTS - MCDem

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Ce cri dans le ciel -

celui du charognard ou de l'oiseau de proie ?


 

Retentissement dans la force défensive /

pareillement

En-dessous

sur son bain de soleil

L'homme regarde la bête /

là-haut /


 

Allongée

de tout mon être sur la terre /

Force tranquille

dans la marge du bruit

Je paresse /


 

pareil à l'oiseau ébloui


 

MCDem.


 

***


 

Pluie /

Cache des soleils d'obsolescences

 

Eclairs d'eau sur la vitre

de nos siestes /

vers la pente ascendante du réveil /

Descendent

le long

des corridors bleus

courus de bruits d'eau

courante /

Gouttes de décibels

 

Avant peut-être

l'éveil des farfadets

 

MCDem. 
 
 


****

 

Murielle Compère-DEMarcy signe depuis peu du monogramme MCDem.

 

Publications en Revues

-Comme en poésie, n°57, mars 2014 (J.-P. Lesieur, Hossegor)

-Traction-Brabant n°56, mars 2014 (P. Maltaverne, Metz)

-Chronique Trouvailles de Toile… (Expressions, Les Adex, 60800 Rouville)

-Florilège n°154, mars 2014 (S. Blanchard, Dijon)

-2000Regards, n° de mars 2014, n° d’avril 2014 (Y. Drevet-Ollier, Nevers)

 

-Mentionnée dans la rubrique “Le monde des revues poétiques” de Poésie sur Seine, revue d’actualité poétique (92) pour son éditorial dans l’AERO PAGE (UNIAC / Dijon)

- Mentionnée dans la rubrique Chroniques de LIBELLE, mensuel de poésie (Paris, 20ème) pour L’Eau-Vive des falaises aux éd. Encres Vives, mai 2014

 

 

Publications Sites en ligne

-Le capital des mots, site d’Eric Dubois, février 2014

-Délits de poésie, site de Cathy Garcia (Nouveaux Délits), mars 2014

-La Cause Littéraire, le 19/03/14 pour le Poème I ; le 29/03/14 pour les Poèmes II, III & IV ; le 07/05/14 Poèmes V, VI et VII

-Chroniques sur le site de Traversées / P. Breno (Belgique), depuis février 2014 (articles sur Ailleurs simple de Cathy Garcia, Pierre Reverdy l’enchanteur, La partie riante des affreux de Patrice Maltaverne & Fabrice Marzuolo, à hauteur d’ombre de M.-Fr. Ghesquier di Fraja, sur le poète Pierre Dhainault)

-Recension / Articles critiques / Chroniques sur le site en ligne de La Cause littéraire (Ailleurs simple de Cathy Garcia, éd. Nouveaux Délits, le 07/04/14 ; La partie riante des affreux de Patrice Maltaverne & Fabrice Marzuolo, éd. Le citron Gare, le 04/05/14 ; Reverdy, l’Enchanteur, le 08/05/14 : A hauteur d’ombre de Marie-Françoise Ghesquier di Fraja, éd. Cardère, le 10/05/14

-La Cause Littéraire, le 07/05/2014 pour Poèmes V, VI, VII

- La Cause Littéraire, pour Les Fées penchées de Véronique Janzyk, éd. numérique ONLIT, le 13/05/2014

- Traversées / P. Breno (Belgique), pour Les Fées penchées de Véronique Janzyk, éd. numérique ONLIT, le 18/05/2014

- Dualed d’Elsie Chapman éd. LUMEN sur le site en ligne de La Cause littéraire (21/05/2014)

- La solitude est sainte de William Hazlitt éd. La Table ronde sur le site en ligne de La Cause littéraire (01/06/2014)

- Le crépuscule de la démocratie de Nicolas Grimaldi éd. Grasset sur le site en ligne de La Cause littéraire (06/06/2014)

 

 

Publications Recueils

 

-Atout-Cœur éd. Flammes Vives / Claude Prouvost, 2009

-L’Eau-vive des falaises c/o Michel Cosem éditeur, éd. Encres Vives, coll. Encres Blanches, avril 2014

 

 

-La F—du Logis, recueil de nouvelles, Été 2014 (à paraître)

 

Prix littéraires

 

-Prix catégorie Poésie dans le cadre du Concours international de littérature et de créations artistiques organisé par la Cité-Nature d’Arras

-Prix catégorie Fiction à l’occasion de la Semaine de la langue française et de la francophonie dans le cadre du Concours Dis-moi dix mots organisé par la DRAC / Picardie, 2012

-Prix Le Poète du mois organisé par l’Association de Poésie Française Contemporaine (A.P.C.F. / Dijon) en juin 2013

-3ème Prix du Libraire pour une nouvelle littéraire, le 31/05/2014 dans le cadre du Concours international de littératures et de diaporamas organisé par l’association Regards (Nevers)

 

 

Publications en cours

 

-Verso / Alain Wexler

- Microbes 85 / Eric Dejaeger –Été 2014

-L’Ouvre-Boîte à Poèmes

- Nouveaux Délits / Cathy Garcia –octobre 2014

- 4ème de couverture Poésie/première n° 59, juin 2014 (Emmanuel Hiriart //Jean-Paul Giraux / Martine Morillon-Carreau / Philippe Biget / Guy Chaty) : Poème de MCDem illustré par Didier, Mélique

 

-La F—du Logis, recueil de nouvelles, Été 2014

 

LE CAPITAL DES MOTS - DIDIER PORCHAIRE

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Silence Heureux


 

 


 

La vie au travail scande un rythme trépidant,

Qui s’abandonne enfin, quand la retraite arrive.

Le calme s’apprécie, en douceur sur la rive,

De souvenirs remplis, d’un plaisir débordant.


 


 


 


 

Oubliant l’air aphone, à son corps défendant,

La musique reprend, sans qu’un bruit nous en  prive,

Pour calmer de son mieux, des cœurs à la dérive,

Qui se taisent surpris, de vivre en attendant.


 


 


 


 

Un sourire tranquille illumine un visage,

De grand-père assidu, scrutant le paysage,

Á l’affût d’un bonheur, restant à découvrir.


 


 


 

Bruyants par le passé, les temps abominables,

Quittent l’heureux présent, pour ne pas  l’appauvrir.

Le silence étourdit les jours interminables.

 

 

***

 

 

Poubelle Avide

 


 


 

Pour des objets jetés, dont on chérit l’absence,

La puanteur prégnante, exhalant l’air perdu,

D’un monticule hautain, sur le sol épandu,

Souille le paysage, atteint dans son essence.


 


 


 


 

L’appétit polluant détruit la quintessence,

D’une triste planète, au futur défendu.

Avilie et saignée, en déboire éperdu,

La nature amoindrie entre en déliquescence.


 


 


 


 

Comme un morne tableau, contemplé sans respect,

Quand le décor dérange, on en flétrit l’aspect,

Pour le posséder plus, par un besoin fugace.


 


 


 


 

L’écrin de nos jours meurt dans le sempiternel,

L’abandon poursuivant ce mal qui nous agace.

Maîtrisons la poubelle, avides d’éternel !

 

 

 

***

 


 

Poème Sur Mesure


 


 


 


 


 

Pétrie en poésie, avec une rigueur

Authentiquement vôtre, en langage classique,

Ma rime, sans travers, glisse une autre musique,

Sur une simple prose, en phrases sans vigueur.


 


 


 


 

Attachée à vous plaire, avec un mot fugueur,

Saisie et sans retouche, à force de pratique,

Ma strophe apprivoisée accourt et se critique,

Aussitôt pour s’écrire, en très peu de longueur.


 


 


 


 

Que de termes ravis, pour figurer la crainte,

La tristesse ou la joie, et peut-être une plainte !

Mon vers les exécute, en sachant vos désirs.


 


 


 


 

La qualité du style emprunte la constance.

Il soumet au client le choix de ses plaisirs.

Je vous sers un poème en toute circonstance.

 

 

 

DIDIER PORCHAIRE

 

 

Il se présente :

 

Cette brève présentation de Didier Porchaire ne saurait le présenter de manière suffisante, nonobstant tout jeu de mot. Cependant, son attrait pour la forme classique de la poésie marque son dévouement à cet art, se perdant dans les limbes confidentiels, au firmament de quelques passionnés qui pourraient s’en délecter. Ainsi son goût se porte sur la forme fixe du sonnet, en prosodie régulière, pour s’étendre de manière éclectique sur tous les thèmes que la vie pourrait lui suggérer. Inséré dans la vie associative poétique, il est actuellement vice-président de « l’Académie De La Poésie Française », publié dans quelques revues de poésie, il rechigne pour le moment à l’édition de ses poèmes sous forme livresque, même à compte d’auteur. Poésie que de livres ne commet on pas en ton nom, faute de lecteurs !

 

LE CAPITAL DES MOTS- CLÉMENT G. SECOND

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LE CAPITAL DES MOTS- CLÉMENT G. SECOND
LE CAPITAL DES MOTS- CLÉMENT G. SECOND

Enfin Brefs, l’É

 

 

 

CLÉMENT G. SECOND

 

 

Clément G. Second

 

Ecrit depuis 1959 : poèmes, nouvelles, notes sur la pratique de l’écrit principalement. Quelques communications artisanales à diffusion confidentielle.

Fréquente littérature, arts, philosophie et spiritualité.

A commencé à proposer ses textes à des revues (Le Capital des Mots d’Eric Dubois, La Cause Littéraire) depuis fin 2013 par besoin de plus d’ouverture. A collaboré à L’Œil & l’Encre, blog photo-textes de la photographe Agnès Delrieu.

Se sent proche de toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise ), dans laquelle « une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée » (Georges Braque), et qui relève du constat d’Albert Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».

 

a1944@hotmail.fr

 

LE CAPITAL DES MOTS - NICOLE BARRIÈRE

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Carnet cinquième du Malmaret

 

Le 10 juillet 2014.

 

 

Libre comme Elle,

Les pierres folles de Fournols

 

1

Elle raconte la vie aux arbres

Se dit venue des cheminées de brume

Qui montent de la forêt après la pluie

 

2

Elle est gémissements de cerfs

Qui s’aventurent dans les semailles profondes

Et se fondent sur le pli des lisières

Dans les transparences du matin

Elle prend appui au bord du ciel pour convier les licornes

 

3

L’air est réfractaire sur le haut des vignes

Elle y déroule la pulsation de la lumière

Appelle les fortes chaleurs

Exhausse la graine

Embrasse le ciel de son regard moissonneur

4

Elle enrôle le soleil

Elle arde la terre de ses rayons

Elle déplie les lopins jusqu’à l’envers de l’ombre

Elle brûle l’herbe jusqu’à l’odeur du foin

Elle brouille les limites des chemins jusqu’à l’irréel

 

5

Ses pas ne ravinent pas la terre

Elle randonne entre les fils de la vierge

Elle éclabousse les flaques d’eau du temps

Puis l’eau troublée, laisse l’ombre aller à son absence

 

6

Elle part avec l’aube sous le bras

Elle émonde la pluie des arbres

Elle les peuple du feu solaire

Elle les prolonge de la plus haute ombre

Étreint la résonance du vent

Elle puise l’été dans toute la plaine

 

7

Elle hisse le chemin jusqu’aux terres hautes

Elle le guide jusqu’à l’élan des collines

Fait tinter les nuages à l’aplomb du ciel

Peuple de feu les tournesols

Elle arpente les pierres plantées

Pierres folles torturées par l’orage

 

8

Elle est vivante

Disent-ils

Sorcière !

Les chiens passent immobiles

Le feuillage la couvre

Elle se couche dans les genêts

Elle éveille l’obscure marche des pierres.

 

9

Elle est morte

Affirment-ils

Chimère !

À chaque aube, elle renaît

Et sa marche croise l’immémoriale voûte des arbres

Clairière inondée de chants d’oiseaux libres.

 

10

Quelquefois la lune la prend

Elle devient pierre de lit

Elle se détache

Elle sombre dans la tendresse des blés

Les alourdit de moiteur sauvage

Le temps d’aimer

Le temps de la grande jouissance

Elle fuit les grandes moissons du jour.

 

11

Elle dessèche l’étang immobile

Entre les figures de la terre et du volcan

Les signes de grande passion

Elle redoute les grands livres du savoir

Gorgé du torrent éternel des archétypes

 

12

Elle s’acquitte en gentille fille

Sa voix douce comme sauf- conduit

Sa voix rauque plus proche de ses racines

Elle taille dans l’air chaud de l’amour

La vie

Elle la cisèle

Elle la sertit d’amour comme un talisman

Pareil à la montagne

 

13

Elle a le regard noir de l’exil

On croirait qu’elle prie

Elle hante la mémoire

Elle est l’Amante

 

14

Elle est vulnérable

Quand les hommes négocient sa mort

Elle hante la langue

Elle est l’Amante

 

15

 

Elle se nourrit de silence

Déchiffre à peine la langue trahie

Ébauche un texte d’ombre

Et se nomme dans son cri

 

 

16

Sur la pente raide

Elle glisse, halète sous les ronces

Elle parle du corps en silence

Et des pierres blessées

Elle raconte les nuits tièdes

Et le silence de brume

Elle te vient, tendresse opaque.

 

17

Elle s’incline

Son profil ancien vient d’un temps lointain

Elle tend la main en se confiant

Au pli du temps, elle est la source

Qui déboule de joie entre les toiles grèges

Elle agrandit l’espace aux retailles des rochers

Elle fait danser les blés avec les coquelicots

 

18

Bleu, très bleu, elle cueille ce coin de ciel

Et te donne la durée.

Elle est l’Amante

Elle est l’arrière-pays de ton rêve.

 

 

 

NICOLE BARRIÈRE

 

 

Poète, écrivain, essayiste, traductrice, Nicole BARRIERE a publié de nombreux recueils de poésie. Ses poèmes figurent dans de nombreuses anthologies et revues.

Directrice de la collection Accent tonique aux Éditions l'Harmattan

Administratrice de l'association "Du côté du Pont Mirabeau" à Paris,

Membre de la Société des Gens de Lettres.

Grand prix européen Orient-Occident du festival Cuerta de Arges (Roumanie) en juillet 2010.

Prix de poésie féminine Simone Landry 2011 France

Prix d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre MNAC Liban 2011

Premier de poésie de la Fondation Di Liegro, Rome 2014

Ses poèmes sont traduits en italien, persan, espagnol, roumain, kabyle et arabe

 

Nicole Barrière - DR

Nicole Barrière - DR

LE CAPITAL DES MOTS - GABRIELLE BUREL

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Évidence

Comme une évidence
Leurs destinées se joignent
Comme une évidence
Leurs chemins n'en font qu' un
Ils se trouvent
Se retrouvent
De concert
Sur une idée
De conserve
Sur un chemin
De connivence
En pensée
Comme une évidence
Leurs routes se croisent
S'entrelacent
Sans jamais se perdre

 

 

***

Rendez-vous

Ce soir, Patrick vient dîner chez moi pour la première fois. Nous travaillons ensemble depuis plusieurs semaines dans une belle ambiance complice. Il est brillant, charmant, attentionné. Juste peut-être un peu tâtillon, à cheval sur l'ordre et la propreté. Pour le recevoir, je n'ai donc pris aucun risque, veillant à chaque détail et rectifiant toute tentative décontractée.

Le ménage est fait à fond, un vrai ménage de printemps. Pas un grain de poussière sur les meubles, nul mouton oublié, la traque fut sévère mais on pourrait manger par terre, pour peu que l'envie s'en fasse sentir.

Les bibelots restent sagement serrés dans la vitrine aux vitres translucides. Les magazines sont triés par date et rangés en une pile bien nette sur un guéridon.

La table est mise, nappe blanche sans un pli, serviettes assorties, jolie vaisselle et verres étincelants.

Le repas est prêt. Dans la cuisine bien rangée, les amuses-gueule attendent d'être présentés. Le rôti sera cuit, tendre et juteux, lorsque l'entrée sera finie. Fromages et fruits patientent avec les vins à température ambiante.

Satisfaite, je vérifie l'ordonnancement de la pièce à vivre, en redressant machinalement un coussin du canapé.

La sonnette d'entrée tinte à l'heure pile, comme je m'y attendais.

J'ouvre la porte après un regard rapide au miroir, qui me renvoie une image stricte: chignon bas, maquillage imperceptible. Mon invité entre, sûr de lui et tiré à quatre épingles. Tout en lui indiquant la direction du salon, je prends son manteau pour le mettre sur un cintre dans la penderie de l'entrée. Parfait, tout est parfait. Je souris béatement. A cet instant, Patrick s'exclame scandalisé:

« Le chat est sur la table ! »

 

 GABRIELLE BUREL


 

L'auteur : Gabrielle BUREL, née à Morlaix (29) en 1957, vit actuellement à Nantes – Poète et nouvelliste – Fascinée par la mer et les Monts d'Arrée -

Aime jouer avec les mots, leur insuffler un rythme, saisir les émotions d'un instant et surprendre le lecteur avec des histoires prises sur le vif

2014: Publications en revues papier (Comme en poésie, Les tas de mots, Microbe, An Amzer, Libelle) et en ligne (La Cause Littéraire – Le Capital des Mots - Variations d'une Plume)


 


 


LE CAPITAL DES MOTS- NICOLE BARRIÈRE

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Une plainte sur la bouche de l’être

Devant l’attente des yeux

Le temps des longues pluies remue le cœur.

Plainte vivante, l’arrachement se peuple de mots

 

Combien est belle la simplicité du vent

Qui déporte l’éclair de la nuit d’homme

Et charge l’ombre de germes de lumière

Combien est belle l’empreinte de la femme

 

Maintes fois nous naissons de la barre de l’horizon

Maintes fois nous allons au rythme du langage

Et appelons les étoiles pour nommer l’étranger

Avec les rubans blancs de l’espoir

 

D’être, et la terre est un grand limon bleu

Évidence de l’argile et du miel, douce mémoire

Le chemin du poème se fraye impétueusement

Et s’accorde à l’ivresse des sons et des rythmes

 

Les collines enfantent dans la fumée des songes

Dans la poudre vive du temps, frappent l’âme d’absolu

Mot contre mot, son contre son, la voix intérieure

Resurgit comme un rêve musical d’enfant

 

Tas de pierres au carrefour des doutes, la mémoire voyageuse

Des pierres bornent les champs et les frontières de vie

Il faudra passer outre pour presser le destin

Et contrer le seuil de ce vaste pays d’indifférence.

 

Au seuil, l’alliance, au seuil, la promesse réconciliée

Sans routes vaines où chacun fonde sa loi

Mais le grand souffle d’amour que chante les femmes

En toutes les langues.

 

 

 13/07/2014

 

NICOLE BARRIÈRE

 

 

Poète, écrivain, essayiste, traductrice, Nicole BARRIERE a publié de nombreux recueils de poésie. Ses poèmes figurent dans de nombreuses anthologies et revues.

Directrice de la collection Accent tonique aux Éditions l'Harmattan

Administratrice de l'association "Du côté du Pont Mirabeau" à Paris,

Membre de la Société des Gens de Lettres.

Grand prix européen Orient-Occident du festival Cuerta de Arges (Roumanie) en juillet 2010.

Prix de poésie féminine Simone Landry 2011 France

Prix d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre MNAC Liban 2011

Premier de poésie de la Fondation Di Liegro, Rome 2014

Ses poèmes sont traduits en italien, persan, espagnol, roumain, kabyle et arabe

 

 

LE CAPITAL DES MOTS- CLAIRE HURRIMBARTE

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Orgasmes en matériaux composites

 

Texte à lire en pièce jointe. Paroles explicites.

 

 

 

CLAIRE HURRIMBARTE

 

Pas de notice bibliographique.

Orgasmes en matériaux composites Claire Hurrimbarte. Paroles explicites.

LE CAPITAL DES MOTS- MARCIA MARQUES-RAMBOURG

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Dias imprecisos


 

1.


 

Je t’ai aimé

Comme le palimpseste aime le nu

Chargé de pensées revisitées

Fatigué d’empreintes temporelles

Comme la feuille mouillée

Emplie de larmes corporelles

Intenables !

Fatiguées du texte, de la terre

Mortifiées par une plume erronée

Je t’ai aimé

Comme la pluie aime le vide

Comme l’amant au hasard

Aime la toile ensoleillée

Je t’ai aimé

Comme on aime lorqu’on aime

Comme on aime lorsqu’on on ment

Comme on aime lorsqu’on meurt

Comme on meurt lorsqu’on pleure

Je t’ai aimé

Comme on aime le fou

Lorsqu’on devient fou

Comme on aurait aimé

Aimer

Son prochain

Comme la faim aime le pain

Comme la douleur aime le pardon

Comme l’abandon aime la mort

Comme la peau aime le corps

Et le corps, le sort

D’aimer

Je t’ai aimé

Comme je t’ai aimé.


 


 

2.


 

La chambre nue

A soulevé mon cou
A suspendu mon corps

A déchiré mes draps et ton parfum fleuri.

Mère, 
N'as-tu pas oublié
Un jour

Par inadvertance
Le jour
De ma naissance?

N'es-tu pas restée
Muette
Longtemps inerte
Dans ta chambre
Nue?

Tu vis 

Dans ma peau et
Dans ma gorge

Dans la voix
dans l'eau
dans les grains

De ma terre pleurée

 

Tu es

Le chagrin des adieux


Calme

Doux


Les mains
Lentes

Dessinatrices


De nos paroles
Enceintes.


 


 

3.


 

Poète,

Dieu sauvage

Ami mondain

Vagabond, coupable

Manteau de peine

Toile, dessin et paysage

Ouvrier du Blanc,

Poète,

Pourquoi tes lettres

Pourquoi tes azurs incompatibles ?


 


 

Outros dias imprecisos

 

 

 

MARCIA MARQUES-RAMBOURG

 

 

 

Márcia Marques-Rambourg est une enseignante et poète franco-brésilienne. Vit en France depuis 2004. Collabore dans plusieurs revues de poésie (Recours au Poème, Le Zaporogue, Haies Vives, Pequena Morte, La Revue des Ressources,...). A publié cinq recueils de poèmes et plusieurs textes portant sur la philosophie, la littérature comparée, la poésie et la photographie. Son texte le plus réussi est né un jour d’été, en 2009.

LE CAPITAL DES MOTS - CLAIRE KALFON

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Rond comme le temps

 

 

Mon cœur bat

Dans le seau et la lucarne

Dans l’anse et le cadran

Dans le nid précipité

Et l’auréole de la lampe

Dans le cerceau posé à terre

Dans l’attente

Et la boucle du fil

Dans la virgule

Entre le silence brut

Et le chant de l’oud

Dans le nombre et la poignée

Dans la courbe du chemin

Qui me perd

Me rattrape

Entre le geste du matin

Et le poids du soir

 

CLAIRE KALFON

 

 

Claire Kalfon est née à Oran en 1956. Elle enseigne et vit à Tours.

Elle a été publiée dans les revues Petite, Décharge et Friches.

Elle participe régulièrement aux actions menées dans le cadre du Printemps des Poètes.

Certains de ses textes ont été mis en ligne sur le site « La toile de l’un » créé par le poète Alain Boudet.

 

LE CAPITAL DES MOTS - ALIÉNOR SAMUEL-HERVÉ

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Métropol'éteint

 

Je croise mes doigts gelés

la roue qui doit tourner

coincée quelque part

ou bien ai-je loupé

l'arrêt.

Sur le pavé : froidure

glace éternelle

si seule

dans le vent nocturne.

Tiède et humide

une bouche se tend

je m'y colle vite

tellement honteux.

Grille de métro

un peu de chaleur

quelque part dans la nuit

noire.

 

***


 

 

Bourgeon urbain

 

Ville galopante

Repousse les limites

Toujours plus loin, irrite,

Comme la plante grimpante.

 

Pointe un bout de son nez,

Éclate le béton,

Repousse les piétons,

Une tige goudronnée.

 

Puis taquine le ciel,

Reflète les éclats,

Ignore les dégâts,

D'une pousse artificielle.

 

Nulle rosée au carreau,

La fleur s'est envolée,

La tige a bien poussé

A la fin des travaux.

 

Des racines au toit,

Comme un grand défilé,

La hampe a tant grimpé

Qu'on ne sait plus pourquoi.

 

Et en fin de soirée

S'illumine de toiles,

Un rival aux étoiles :

Pédoncule bétonné.

 

 ALIÉNOR SAMUEL-HERVÉ

 

 

 

Elle se présente :

 

Licenciée d'Histoire et à la rentrée étudiante en Master Histoire spécialité Civilisations des Temps Modernes à l'université Paris-Sorbonne (Paris IV), j'ai 20 ans et écris poèmes et nouvelles depuis plus de 10 ans. Mon premier poème date de 2003 et j'ai créé un blog en 2008 afin d'y recueillir des avis. J'ai également publié dans divers magazines en ligne comme La Cause littéraire, L'Ivre de lire ou La Salamandre d'Axolotl. Mon premier recueil poétique Éclats de Vie édité par VFB Éditions au format numérique est en vente depuis le 20 janvier 2014.

 

Mon site : http://alienorsamuel.wix.com/alienorsamuelherve

 

Facebook : http://www.facebook.com/alienorsh

 

Twitter : http://twitter.com/aliensh

 

 

 

Aliénor Samuel-Hervé- DR

Aliénor Samuel-Hervé- DR

LE CAPITAL DES MOTS- MÉLANIE OSSELET

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Le rêve du styx

 

Une chambre blanche et vide au fond d'un couloir

Une porte est fermée et pourtant tout le monde l'a ouverte

Plusieurs portes sont cachées dans cette porte qui mène à la clé,

Doucement s'entrouve mon corps à a porte devant un nouveau soir

Que je regarde comme s'il était midi, ou le matin par la fenêtre

Lentement je tourne la poignée mais voilà que la porte s'est retournée

La boussole de mon coeur me dit "viens" en me soulevant les mains 

Une chambre blanche et vide au fond d'un couloir

Une porte ouverte et pourtant tout le monde l'a fermée

Une porte secrète s'est cachée dans la grande porte qui mène à la vérité

Subitement je ne parle plus , comme mon sang, je ressens un frisson d'art

Que j'ignore comme s'il était trop tôt ou trop tard pour envisager les "peut-être",

Violemment je cours vers la porte pour attraper la poignée:

C'est une boussole que je tiens dans mes mains ensanglantées,

Aux creux desquelles se cachent mon coeur qui vient juste de s'arrêter.

 

***

 

Silence
 
Bruit des eaux, des sourdes âmes qui peinent à être comprises.
Je viens douce à ton attente dans un moment unique.
Infinie dans le ciel et immatérielle à ton invisibilité, ton âme ère.
Dans sa nature hantée, visible et insaisissable à mes paupières floutées;
Musique du néant , des fières âmes qui ne veulent pas être soumises au bruit,
Il vient se présenter à ton absence , muet dans tes espérances.
Enveloppe divine des vains ornements du langage. Il a fermé les yeux.
Et tous se souviennent de ce souffle externe et linéaire sans y songer.
Le son pris dans les vents , des lourdes armes inutiles de la voix grise.
Enchantée, hypnotisée par l'absence , par cette onde qui transcende l'esprit,
ton coeur brise chaque caresse en un onctueux mélange de mouvements inaudibles.
Passe et flotte, sous les règles élémentaires , les yeux brillent.
Ne pas dire. L'instant est calme et serein.
Comme les pensées sont apaisées et voilà qu'elles se reflètent dans le miroir de la nuit,
Par la puissance des soupçons , des suppositions ... dans un seul silence.

 

 
MÉLANIE OSSELET
 
Elle se présente :
 
Après une école d'Art dramatique à Paris, j'ai été acceptée au 1er tour du Conservatoire Royal de Bruxelles grâce à l'un de mes textes intitulé Parricide ou le lamento du mendiant. J'ai aussi été publiée dans un journal de photographie ayant pour thème la poésie et j'ai été l'organisatrice d'une exposition autour de la poésie et de la photographie citadine.
Mes écrits poétiques ont été acceptés dans un théâtre parisien .
Mélanie Osselet - DR

Mélanie Osselet - DR

LE CAPITAL DES MOTS - CHRISTIAN DEGOUTTE

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Attendre -

 

1

Branchages bruissant agités par le vent doux

de l’été - Ombres mêlées sur le mur au moindre

de nos gestes - Gifler le béton, caresser

le crépi, écrire nos vies sur les murs telles

les ombres des branchages emmêlées par le vent

- la foule de nos gestes mélangés à ceux

des belles malades venues s’asseoir dans l’air

ouvert sur les pelouses jaunes

2

La foule n’a-t-elle lieu que sur les espaces

nus, que sur du vide ? Est-ce encore de la foule

tous ces corps - qui attendent sous les arbres  -

des belles mortelles croquées avec un bout

de bois noirci sur le mur aveuglant

de l’hôpital ?

3

Sur le mur, un épagneul, son ombre avec l’ombre

agenouillée d’une jeune fille frottant

son front contre le crâne bosselé du chien

c’est un rocher débaroulé parmi les gestes

de tout le monde sur les pelouses grillées

 

Lyon – Hôpital Pierre Wertheimer

 

 

CHRISTIAN DEGOUTTE

 

Il se présente :

 

Je suis né dans la banlieue de St Paul de Vence, je vis dans (ce qui est encore) le département de la Loire

(juste après la Haute-Loire en suivant le fil de l'eau).

Chroniqueur des revues pour la revue VERSO

Quelques publications disponibles : Trois jours en été (roman) éd L'Escarbille, Henry Moore à Nantes, éd Wigwam, Il y a des abeilles, éd Le pré#carré, Des oranges sentimentales, éd Gros textes, Sous les feuilles, éd P.I.Sage Intérieur

 

 

Christian Degoutte - DR

Christian Degoutte - DR


LE CAPITAL DES MOTS - HÉLÈNE MILLIEN

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Le plus beau poème d’amour

Mon amour

Serait le silence

Le plus beau poème

Serait un souffle

Un froissement d’ailes

A peine un baiser

Sur nos lèvres effleurées

Le plus beau poème

Je ne peux

Ni te le dire

Ni te l’écrire

Il est là…

Etouffant

A la pointe du cœur…

 

 

 

***

 

Puisque tu ne m’entends plus

Puisque tu ne m’écoutes plus

Lèvres scellées sur leur secret de pierre

Mes doigts démêleront pour toi

la chevelure du vent

Les grands arbres frémissants

T’offriront leurs bouquets d’oiseaux

Tu reconnaîtras le chemin creux

Qui conduisait nos pas vers tous les mystères

Passiflores étoilées

Aubépines flambantes

Arbres à papillons frissonnants….

Je te donnerai la rivière

Et ses écailles vivantes

Et ton visage boira

La fraîche pluie d’avril…

 

Nous irons loin très loin

Au bout de nous-mêmes

Là où meurt le soleil

Là où l’attend la grande louve marine

Et son étreinte infinie…

 

Au commencement était le silence.

 

HÉLÈNE MILLIEN

 

Plus d'infos : http://www.le-capital-des-mots.fr/article-35994778.html

 

LE CAPITAL DES MOTS - SAÏD FARTAH

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Les rites de la déchirure chez Tahar BEN JELLOUN

 

 

 

 

 Par Said FARTAH / enseignant de français MEN de Taroudant/Maroc.

      • Professeur -vacataire- de langue et inter-culturalité à la faculté polydisciplinaire de Taroudannt/ Maroc

      • Chercheur en littérature des migrations et littérature maghrébine.

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La littérature maghrébine esquisse l'image dé-cristallisée de toute la vacuité vitale des immigrés. Cette caractéristique, nous motive à relire autrement cette littérature et à braquer la focale sur deux aspects de cette décristallisation , à savoir la blessure existentielle de l'immigré Marocain et les facettes de l'exil affronté par cet immigré.

De prime abord, l'immigré Marocain est toujours voué à une multitude de contrastes, commençons par la diabolisation de la personne de l'immigré jusqu'à l'anéantissement de sa vie et son avenir. A notre sens , cette décristallisation de l'image de l'immigré Marocain ne va guère sortir d'un carcan figé plein de stéréotypes et de défiguration.

Certes , la décristallisation de la personne de l'immigré Marocain que nous évoquons ici , n' a aucune connotation d'échec ou de dépréciation mais une sorte de non-sens existentiel . Il est , sans nul doute, adéquat de comprendre cette décristallisation dans un niveau d'absence d'alternative ou de porosité des horizons. Nous pouvons alors , parler d'un" être " entre deux ' Ni' .Le Marocain dans la migration en France , n'est ni d'ici , Ni d'ailleurs . Ni marocain , ni français sur le plan social . Ni travailleur , ni chômeur sur le plan professionnel . Cela pourrait , sans merci brouiller, la vie sociale et culturelle de cet immigré hors de toutes les qualifications.

Ecoutons ce silence meurtrier dans les paroles d'un immigré Marocain de la " "réclusion solitaire "1 page 88:.

" La malle avait mangé mes rêves ...Le ciel était cerné et les étoiles ivres d'absence . retenues par des clous. Il y avait de gros clous enfoncés dans le grand linceul. Tout m'expulsait . Les murs . Le ciel .Les étoiles . Ma peau". ". Une telle déchirure ne peut que signifier le marasme et la désolation de tout immigré marocain gisant sous les effets dramatiques d'une vie triste et alourdie.

D'abord , il est primordial de souligner que dans la littérature maghrébine le thème de la déchirure est la sœur jumelle de l'altérité .C 'est un thème fondateur qui invite souvent à des lectures interconnectées . La littérature de la migration n 'est pas uniquement un univers de protestation et de revendication pur et simple ; mais inéluctablement un grand carrefour pour aborder toutes les interrogations de l'homme en immigration.

A préciser également que , la survie d'un texte littéraire produit dans l'immigration n'est pas du tout un texte considéré comme un amas d'idées ou comme des pensées éparpillées dans un désert de questions . Le texte en immigration doit être conçu à la lumières des vexa-questions qui l'encadrent. Ce texte n 'est à perdurer que s'il est richement alimenté par les paradoxes de cette altérité même. L'altérité dans le champ littéraire porte en elle les germes de sa temporalité , de la in- visibilité de l'être et la détermination de sa spatialité. L'altérité renvoie toujours aux frontières culturelles , socioculturelles et existentielles posées ontologiquement en relation avec Autrui .

Le concept de l'altérité migratoire renvoie également à une large conjoncture thématique de tous les niveaux des aspirations vitales de la personne migrante. La littérature st par la logique des choses demeure alors le lieu propice où s'effectuent toutes les interactions possibles avec l'autre de l'ICI et de l'Ailleurs.

De surcroit , la littérature d'immigration et particulièrement en France , formalise fortement l'imaginaire préconçu sur L'immigré en général , ce sentiment est en forte croissance. Ce qui demande des analyses et des explications très poussées de la composante de l'altérité. Cette formalisation directe ou d'une façon sous-jacente représente le fil conducteur déclencheur de toute création littéraire révélatrice et génératrice de l'image du Moi d'un côté et l'image de l'altérité de L'autre.

Véritablement , le principe de l'altérité dans notre projet de recherche n'est pas soumis à aucune vision particulière susceptible d'orienter les conclusions ou de cadenasser les résultats. Ce principe n'est également pas soumis à aucun seuil de tolérance précis. L'altérité que nous allons étudier est le pur produit d'un discours discriminé et discriminatoire produit "aux limbes du Pacifique" migratoire français.

En fait , l'altérité se veut un élément vecteur qui se lit , et doit se lire d'ailleurs, à la guise des multiples optiques où se convergent les cotés ; ethniques , spirituels , et cultuels . Sans pour autant oublier les niveaux sociohistoriques et économiques .Ceci dit , l'altérité engage, par la suite des choses , le passé, le présent et l'avenir de chaque individu en situation de l'immigration, à tel point que nous pouvons même parler de la littérature de l'altérité à part entière. Cette littérature qui a su problématiser la littérature de l'immigration en général et l'image étrange de l'immigré en particulier. Pour parler du concept de l' Autre dans la littérature migratoire, nous allons constater très vite que cette littérature est un véritable déchirement entre deux antipodes : la quête permanente d'une identité meurtrie et la survie aux affres d'une "double absence"2 * méconnue. Il est certain alors , que l'écrivain de ces deux frontières ne peut que se résigner devant les dictats de l'intégration imposée ou d'une sorte d'assimilation préalablement atténuée .

En effet , la notion de l'altérité dans le discours littéraire migratoire n'est en aucune considération une notion innocente car elle fait souvent appel , d'une façon implicite , à plusieurs vocables en permanente dualité. dans ce contexte , l'altérité se réduit indirectement à tout ce qui est étranger au truchement de ce qui est local , elle renvoie à l'authentique au détriment du métissage (mixte). Et surtout fait penser à L'autre dans sa dimension de ( TOI / TU / VOUS ), à des fins de préciser tout ce qui est " identique" , chose presque impossible, cette identique qui se conjugue à ( MOI/ JE/ NOUS).

La question identitaire revêt un champ majestueusement large au sein de la littérature de la migration .Elle est considérée depuis fort longtemps un des sujets passionnants , un des sujets conducteurs de la majorité d'écrivains maghrébins et des marocains en particulier.

La littérature de l'immigration est une en/quête fidèle des origines , c'est une quête incessante du Soi et de l'autre , dans un univers sans limites où les interrogations héréditaires ( généalogiques) , sentimentales ( sensationnelles ) et existentielles ( sociales) s' inter- communiquent .

Dans le quatrième chapitre intitulé " Métissage et identité ", Michel LARONDE nous explique , avec une grande notoriété , ce point consacré aux origines les plus lointaines et les plus ancrées dans l'histoire. Pour Michel LARONDE 3 " Ce Mohammed que perçoit comme étrange et étranger , il faut en chercher les racines dans une diachronie qui plonge dans les croisements génétiques " Page 164.

Alors , les origines identitaires représentent un grand éclatement , cet éclatement génétique sordide et ce décloisonnement macabre semblent une réponse véritable fatale et conséquente de toute sorte de bouleversements romanesques apparents au niveau des particularités thématiques , discursives ( thématiques) et narratologiques de la littérature maghrébine généralement. La question des origines identitaires occupe donc , une place cruciale de toutes les œuvres littéraires qui usent et abusent de la thématique de la migration . Les origines sont alors , une source indispensable qui alimentent avec brio les souffrances de tous les jours , les questions vécues avec amertume et les aspirations inaccessibles aussi bien pour soi ou pour ses compatriotes.

Nous pouvons également nous arrêter sur un passage lumineux qui illustre ces propos dans " Un monde à coté " de Driss Chraïbi qui décortique cette image en insistant sur un point de jonction d'une grande importance , il s'agit en l'occurrence des origines:

" Mon monde d'origine m'avait légué quelques sourates du Coran , quelques faits et gestes d'un prophète qui avait vécu très autrefois et qui ne pouvait plus ni voir ni entendre ce qui passait chez nous en notre temps...l'obéissance passive aux dogmes et à la tradition "*4.

Il est évident alors de souligner dans cette optique que la littérature de l'immigration est une littérature où les écrivains ne cessent de creuser leurs problématiques dans tous les sens ; questionner tous les champs littéraires en investissant toutes les interrogations possibles.

L'immigré devient , de surcroit , le sujet de prédilection de toutes les dualités que nous pouvons imaginer. Mehdi CHAREF nous informe que cette situation "d'entre- croisé" en décrivant l'état d'âme de son personnage central :

" Madjid se rallonge sur son lit , convaincu qu'il n'est ni arabe ni français depuis bien longtemps. Il est fils d'immigré , paumé entre deux cultures , deux histoires , deux langues , deux couleurs de peau, ni blanc ni noir à s'inventer ses propres racines , ses attaches se les fabrique "*

Cette citation brosse joliment une caractéristique majeure de la littérature d'immigration à savoir la situation de l'entre-deux qui légitime dramatiquement la situation de négation en propulsant le dédoublement " NI...Ni.." ; ni arabe , ni français , ni blanc , ni noir. La série est longue , ce qui ouvre , par la suite , la possibilité sur toutes les portes du bâtardise et sur "la clandestinité légale". Nous constatons tout de suite que le sujet d'identité demeure toujours un véritable canal qui miroite fidèlement l'imaginaire collectif de toute la société : les représentations socio- culturelles , les manipulations de l'inconscient et également les perceptions les plus lointaines des "habitus" sociaux.

La quête identitaire dans le domaine d'une littérature " mineure " très confortée , est une activité permanente , pleine de dynamisme et de création révélatrice sans cesse , où l'immigré oscille ontologiquement entre deux actions - réactions ; divulguer / cacher ou s'affirmer / dissimuler. Mais cette quête reste toujours un désir qui ripoline les horizons de toutes les attentes de chaque immigré. Dans ce sens , s'identifier pour un immigré n'est jamais un défi calculé, vu les risques de la situation où il se trouve . S'identifier est , dans tous les cas , une attitude de s'affirmer avec toutes ses différences , ce qui rend ce challenge une sorte de dilemme capable de générer le refus , le malaise et la blessure. " La réclusion solitaire" ou grave encore " La plus haute des solitudes " de Tahar Ben Jelloun renforcent sombrement cette recherche du Moi , ce voyage éternel vers l'Autre. La quête identitaire peut couvrir ici toutes les couches sociales tous les âges et les aspirations , cette quête dépasse les lieux et les espaces. L'identité ici est une vraie destruction psychologique , sociologique et humaine avec toutes ses connotations possibles. La quête identitaire est alors équivoque à toute sorte de dénonciation de la tragédie humaine produite devant monsieur tout le monde bon gré malgré tout le monde . C 'est une dénonciation affreuse de la frustration vulnérable , de l'oubli et l'abandon orchestré par la machine capitaliste moderne.

En effet , la question identitaire est bel et bien une piste qui oriente notre analyse, ce qui nous octroie la forte légitimité de se poser la/ les question (s) autour de la grammaire de cette déchirure. Le déracinement est conçu alors, comme concept sociologique à la fois valise et balise , un concept d'une très grande ampleur , par le simple fait qu'il est un pur produit d'immigration /émigration . C 'est pour cette raison , qu'il nous semble adéquat de parler de déracinement de l'immigré Marocain en présentant les limites de la "métamorphose" périlleuse à laquelle chaque immigré(e) Marocain(e) est soumis(e).

Il est judicieux à nos yeux , de noter que le déracinement de l'immigré Marocain se veut omniprésent depuis le départ (clandestin ? ou volontaire) jusqu'à l'arrivée impromptue ! C'est à dire ; le déracinement de l'immigré Marocain en France revêt de différentes facettes. Ce changement inopiné provoque chez l'immigré / émigré une fracture profonde due à une sorte de nostalgie éternelle du pays natal . Le changement de l'espace vécu engendre par la suite, un dépaysement total affreux , ce que laisse l'immigré Marocain exposé à une multitude de souffrances liées surtout aux aléas climatiques insupportables et mortifères ( neige , froid glacial , pluie , verglas..) soldés par le manque de chauffage et des conditions de vie ( habitations) misérables . Le corps de l'immigré serait alors voué à toutes les atrocités physiques : arthroses , maladies pulmonaires , troubles respiratoires , problèmes asthmatiques , perturbations gastriques , rénales et sexuelles dues surtout aux ( plus hautes des solitudes ) selon Tahar Benjelloun. Ce type de déracinement est toujours conçu comme un malaise vital quotidien , ce qui est logique d'ailleurs , à tel point que Taher Benjelloun le compare à un servage infernal et chaotique de cet immigré Marocain:

" on peut aussi se demander si le déplacement géographique ne réactive pas les angoisses.. déculturation vécue ou subie " p 66.

En revanche , il est certain que ce déracinement spatial ne peut être que destructeur et effaceur dans la mesure qu'il est , sans conteste , un facteur générateur de déracinement émotionnel pour ne pas dire déracinement suicidaire.

De surcroit , vivre dans un habit d'étrangeté renvoie intrinsèquement à une autre forme de déracinement ; il s'agit bien évidemment socio-affectif qui touche généralement l'ensemble de l'arsenal socio-relationnel , la structure vitale avec son entourage , ses liens et ses complexités. L'immigré Marocain est un déraciné social par excellence par le simple fait que son " étrangeté inquiétante " menace quotidiennement ses croyances ( cultuelles et culturelles ) sa conception traditionnelle des choses et son interprétation "primitive" des bases vitales du monde occidental européen à savoir les notions de temps , de lieu et les normes de la civilisation "moderne". En effet , il est fort bien évident de souligner dans ce contexte que le déracinement vécu par l'immigré Marocain et vu de toutes ses formes , demeure " un produit fini " de "ce choc " social et spatial lié à la vie dans la migration. Cette métamorphose forcée ou subie, reste à nos yeux , un grand problème qui fait silencieusement des dégâts incurables sur tous les plans . Dans le même sens nous pouvons confirmer que le déracinement de l'immigré Marocain engage d'autres termes à réemployer avec beaucoup de méfiance , de précaution et surtout avec une modération très stricte .

Le corps déchiré de l'immigré Marocain est hyper-chosifié dans la mesure où il est convoité au propre et au figuré , il est atrocement mutilé . Ce corps vendu depuis bien longtemps , depuis qu'il est une marchandise moins chère au service de la méga- machine capitaliste.

Dés le début , la narration devient une aventure qui s'aggrave en spirale. La vie est un départ douloureux et l'aventure se présentait comme une véritable mutilation pleine de haine et de mépris. Certes la figure de ce corps mutilé de l'immigré Marocain expose une vue panoramique de cette personne qui "a choisi " forcement de survivre sous les affres de la torture et la détresse . Cette personne vivant dans un univers d'emprisonnement absolu .. Tahar Ben Jelloun nous crible jusqu'à la nausée par cette atmosphère de déchirure et de démantèlement. Nous pouvons nous arrêter sur cette réalité décrite à la page 36 de la " Réclusion solitaire "

" Le corps s'alourdit . Retenu . Attaché. L'âne des nuits ,maitre des cauchemars , s'assied sur ma poitrine .Les yeux ouverts .Le corps immobile. Le roc d'amertume s'est approché de moi .Il fallait s'y cogner , A quoi bon ? Mes nuits ont l'avantage d'être courtes ."

Le texte nous étale ce corps comme une sorte de sublimation du drame ou un " sens de l'insensé ". Le corps est alors froissé , abimé , usé et mérite d'être mis au bière . Cette tragédie est trop criarde quand nous lisons :

" J'ai déposé mes rêves et mes illusions au bas de la porte , je suis un être en faillite "

La même sensation de tristesse et de déchirement nous la trouvons également dans " La plus haute des solitudes " , quand Tahar Ben Jelloun , nous présente un marasme inqualifiable , doté de toutes les spécificités d'angoisse et de mécontentement :

" Nous avons affaire à une société mutilée qui se sépare d'une proportion importante de sa population active et devient par là source de conflits chez l'individu que se trouve obligé de s'expatrier , qui doit accepter de se séparer de son univers culturel et affectif " Page 21.

La blessure ici , se veut une blessure collective où chaque individu de cette société reste une victime d'une tragédie soldée par le déracinement et le déplacement forcé dans toutes ses facettes .

En effet le corps dans la littérature immigrée ne peut devenir qu'un objet voué à tout un processus d'aliénation et à toutes les exploitations imaginables . Ce corps mutilé dans tous ses états devient , bel et bien ,une sorte de tentation et de manipulation , toujours en butte de sa carcéralité et de son apatridie , par le simple fait que les immigrés Marocains ne sont considérés ni français ni marocains . Cette dualité meurtrière ( ni marocain ni français ) / ni arabe ni européen accentue d'une manière nette et négative toutes les contradictions de cet mutilation .

Ces oppositions tristement pesantes , renforcent toutes les ambigüités à propos de l'existence légale et légitime de ces Marocains et offrent une grande légitimité à toutes les atteintes catastrophiques à leurs droits. Ce corps mutilé devient alors visible sur la scène sociale mais carrément invisible sur la sphère médiatique , ou au niveau du travail et surtout lorsqu'il s'agit de ces " droits" fondamentaux . Tahar Ben Jelloun brosse cette situation délicate et paradoxale comme suit : " Le travail est une superbe aliénation car personne n'a le droit de faire ce qu'il a envie de faire , le travail mange la vie , il la dévore et annule le corps des hommes comme dit mon copain français "je n 'ai pas envie de passer ma vie à la gagner par la perdre " les gens ne s'expriment pas .Tu crois qu'un travailleur émigré ou autre a le temps de vivre ? "

La littérature de l'immigration est une littérature riche par sa thématique de négation , de transhumance et d'exil. Malgré son histoire si jeune , son texte regorge de plusieurs figures de claustration et d'emprisonnement de différentes formes. Dans ce contexte , il est incontestablement signifiant de traiter la problématique de l'exil de l'immigré Marocain en France à la loupe d'un champ sémantique très diversifié dans le dessein d'embrasser la notion de l'exil au propre et au figuré . Il s'agit alors de mettre en exergue une "autopsie de l'exil"5 suivant des optiques assez larges. Il est donc adéquat d'approcher ce thème de l'exil à la lumière des niveaux suivants :

- L'exil dans son sens géographique qui met sur le premier plan le pays de départ ( la ville natale, la région d'origine , le bled , le Maroc ) par opposition à un pays d'accueil méconnu ( la France , l'autre rive , l'Europe ) . Cette vision réduit l'immigré Marocain à l'errance et à la blessure.

- L'exil existentiel et ontologique qui met sur la scène l'immigré Marocain en tant que " ETRE " , ce qui réduit la personne de l'immigré à toutes les figures de l'absence et l'anonymat , et qui l'oblige par la suite à se positionner aux affres de la solitude , la frustration et le démantèlement.

- L'exil social et vital qui pousse souvent l'immigré Marocain à vivre aux confins de la précarité et la vulnérabilité dans toutes ses dimensions . L'immigration devient alors pour le Marocain en France un fardeau lourd et une responsabilité qu'il ne peut pas assumer. Sa vie serait alors vouée à l'isolement et à la marginalisation..

- L'exil sentimental et émotionnel qui renvoie à une blessure sentimentale très profonde due essentiellement au caractère nostalgique éprouvé par l'immigré Marocain . cet exil émotionnel mis l'immigré Marocain au sol par le fait qu'il souffre d'un éloignement familial affreux . L'immigré se sent en danger même au fin fond de son intimité. Ce niveau a une grande influence sur les autres niveaux . Cet exil va jusqu'à l'absence de l'acte charnel :

" Je ne fais que piétiner la terre de ce pays où j'ai accroché mes testicules ( ...) je passe le temps dit de repos à faire des plans pour la démence " p54 de "La réclusion solitaire."

- L'exil politique et intellectuel qui fait penser surtout à la vie des immigrés Marocains ayant un niveau intellectuel et scolaire élevé , c'est le cas des étudiants , des écrivains et des artistes. Pour eux l'instruction et la prise de conscience devient une inquiétude énorme et une blessure idéologique de grande ampleur.

Dans l'œuvre de Christian ALBERT " L'immigration dans le roman francophone contemporain " * et en guise d'introduction , l'auteur nous présente une définition profonde et pertinente de l'exil * 6:

" Il est de toutes sortes d'exil , les écrivains le savent bien...il est cependant une autre forme d'exil plus matériel et géographique , il, est lié à l'écriture et se caractérise par un changement physique du lieu de résidence qui double parfois l'exil intérieur qui exprime chaque écrivain " P 8

Pour le Marocain en général , "l'exil" est une expérience vécue en pleine conscience car cette expérience est inséparablement liée à son itinéraire vital et existentiel . Le thème de l'exil alors être provisoire ou définitif parce qu'il est toujours synonyme de la déchirure , la déraison et la dépossession . Cela fait de la thématique de l'exil , pour l'immigré Marocain, l'un des thèmes fondateurs et l'un des sujets majeurs de la littérature de l'immigration .

En effet , cette sensation de "s'exiler " à tort ou à raison , est née chez l'immigré Marocain avec l'émergence d'un contre-sentiment éprouvé par les autochtones français marqué par un certain nombre d'attitudes de rejet ou d'abandon dûs, dans la plupart des cas, à une déculturation erronée .Ce refus malhonnête est souvent dû à une vision endogène anthropophobique "intérieur - extérieur " nourrie par des stéréotypes d'une grande vacuité. Par ailleurs , ces doubles facettes , font de l'immigré Marocain une image de fantomisation à part entière . L'exil est devenu alors un grand couvert qui peut s'étendre aux limites les plus larges , jusqu'à ce qu'il devienne un exil effectif et affectif de très grande envergure .

A notre avis , cette course vertigineuse derrière cette intégration illusoire fait de l'immigré Marocain une personne avec toutes les anomalies et toutes les défigurations socio -culturelles imaginables et imaginaires .Dans la littérature de l'immigration , le sujet de l'exil rend l'écriture et la description de la réalité des immigrés Marocains une sorte d'exaltation de la tragédie ou une "écriture de la "dé-maîtrise" pour reprendre l'expression de Joseph Paré *7 .

Cette dé-maîtrise qui a pour but essentiel de recadrer la situation de la marge des immigrés dans tout l'espace romanesque. C'est ainsi alors que Christian ALBERT nous explique à merveille la signification de cette dé - maitrise :

" La vision unidimensionnelle occidentale qui considère le phénomène migratoire comme un phénomène transitoire ou secondaire à reléguer à la marge ".

Il est cependant très significatif de prendre au sérieux le sujet de l'exil de l'immigré Marocain avec une grande précaution. Cette dé-maitrise et ce déphasage du personnage immigré rend les héros benjellouliens des personnages "fictifs" , ce qui nous oblige par la suite relire ses oeuvres suivant une approche à la fois, plurielle et transversale. La vie de l'exil est une vie qui doit être comprise dans un "ailleurs meilleur" , mais les questions qui se posent dans ce sens sont comme suit : Pourquoi parler de l'exil de l'immigré Marocain ? est-il vraiment un exil ? est-ce un exil subi ou un exil choisi ? l'exil se manifeste-t-il comme une lourde tristesse qui transgresse horizontalement et verticalement toute la constellation parisienne?

Afin de cautériser cette déchirure , il nous parait que le ce sujet d'exil est logiquement en synergie totale avec l'armature générale de notre étude sur " les couleurs de cet exil " . Quoi qu'il soit dit , cet enfermement chaotique demeure une figure criante d'un déracinement colossal dans tous ses sens . L'immigration/ exil se prône alors une grande visibilité sur la scène socio-historique ce qui légitime le rôle de subalterne de cet immigré Marocain . Ce dernier ne trouve aucun moyen pour renoncer à son exil ( choisi ou subi ) . Quand les alternatives sont minimes , l'autodestruction sera fatale. L'exil de l'immigré Marocain se manifeste alors à travers sa migrance* et se solde via sa migritude *8, via l'attachement à ses origines , ce qui explique les effets identitaires de la blessure et à travers la fascination affolante par la civilisation occidentale rayonnante, ce qui explique les effets de déracinement ontologique jusqu' à " La plus hautes des solitudes ".9

Références bibliographiques :

1- Tahar BEN JELLOUN " La réclusion solitaire " Points -roman N 50 . Ed. Denoël.1976.

2-Adelmalek SAYAD " La double absence" Ed. Seuil , 1999 Préfacé par pierre Bourdieu ." Les enfants illégitimes "/ " l'immigration ou les paradoxes de l'altérité" Ed. de Boeck Université , Bruxelles 1991, 331 p

3- Michel LARONDE."AUTEUR DU ROMAN BEUR Immigration et Identité" Ed. L'Harmattan. 1993

4- Driss CHRAIBI " Le Monde à côté " Ed. Denoël , coll. Folio 3836 , 2001.Page53. *

5- Leïla SEBBAR. " Lettres parisiennes : autopsie de l'exil." Ecrit en collaboration avec Nancy Huston, Barrault, 1986, J'ai lu, 1999

6* ALBERT Christian " L'immigration dans le roman francophone contemporain" Paris, Ed . KARTHALA 2005.

7.Joseph PARE, Ecritures et discours dans le romain africain francophone postcolonial, Ouagadougou ( Burkina Fasso ), Ed. Kraal, 1997.

8- La migrance et la migritude : Nous avons utilisé le terme migrance pour désigner la combinaison entre migration et errance par opposition la migritude renvoie au caractère négrier du fléau migratoire.

9* Tahar BEN JELLOUN " La plus haute des solitudes " Paris , Ed. Seuil, 1977 "Points"377.


 


 


 


 


 


 


 


 

Dessins de l'artiste Berbère © Mohamed Charhabi - DR

Dessins de l'artiste Berbère © Mohamed Charhabi - DR

LE CAPITAL DES MOTS- JEAN-BAPTISTE MOGNETTI

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ANABASE

 

 

 

Une lecture de Xénophon sur le chemin de la plage


 

Broyé l’inutile verbiage et

Réduit en poussière.

Enfin je suis

Dehors.

Le risque d’incendie est à son paroxysme.


 

Quelques notes très graves au fond des yeux

Le Haut –


 

(Calcaire)

Bientôt je m’embourbe dans le Midi.

Ecouteurs crissement

Sous la paire de rangers

Sur sable brûlant.

Anabase attendue silence vrombissant

Elle indique le parcours ;

Le vol d’un canadair au-dessus du ravin

La nationale franchie en direction de la gare

La plage loin -

Très loin devant.

Rien alentour. Juste un

Nuage s’y mettre : aller droit vers la mer.


 

Par la route carcasses aloès rouille conserves

Et le doute ferré –

Entre les voies la grande vitesse.

Anabase

Dit l’ombre

Serait l’ultime alternative à l’ennui ?

Ascension initiatique ou rituelle

Elle fonde et couronne le voyage marin

Le terrestre abandon.

A N A B A S E : c’est faire en sens inverse

Le chemin des échecs -

Déroute et puis l’impasse.

Le livre est zénithal

Les heures lourdes

Salées

Et déjà la fatigue

Entame la ressource.


 

A moi-même je fais face

Comme à dix-mille

Moi-même.

Je prends le sillage d’un bout de bitume

(Ai tardé à hisser les voiles)


 

ANABASE

Avec pour seul repère un possible

Retour ;

Destin livré

Au hasard des pinèdes

Et au chant des cigales.

L’horizon annoncé

Par la zébrure d’une palme ou par

L’aiguille chue d’un immense cadran

Ne subviendra jamais

A l’appétit féroce

Des désirs ambulants.


 

Eccola qua : la Méditerranée.

J’accroche à la balise

Le poème solitude -

Ses filaments cruels.

On ramasse à la pelle les méduses sur la plage.

La débâcle est multiple

Que supplicient l’Eclat,

Le battement du ressac.

Anabase retraite :

Exil en

La maison

Où ruisselant de rêve

Je dépose

La Mer.

(A l’azur insolant j’expose le bronzage

Un air de variété.)

Jours intérieurs les mêmes où

Le texte est en friche et le corps imbécile.

Au farniente inconscient

A la marchande de glaces

A la vigie déserte

Au pêcheur sur le quai

Au souffle du mistral

A ce qui croît

Dure

Persévère

Au Grec en moi

Je dédie l’anabase


 

Son cortège de songes ;

De dialogues manqués.

Anabase est regret de n’avoir pas bougé.

 


 


 

JEAN-BAPTISTE MOGNETTI

 

Il se présente :

 

Né en 1983.

 

Diplômé des Beaux-arts de Paris et Docteur en histoire de l’art contemporain de l’Université Paris IV, je mène, dans le domaine des arts plastiques aussi bien que dans celui de la recherche un travail littéraire et poétique polymorphe : notes de lecture, dessin, critique. Passant d’un registre à l’autre, j’ai ainsi récemment publié, pêle-mêle, une biographie de Kurt Cobain (nerval.fr), deux poèmes courts sur le surf (The Inertia.com), un recueil d’aphorismes (NFE, éditeur indépendant de musique Noise) ou encore un texte en prose sur le déclin de l’industrie en France (L’Humanité.fr). Toutes ces ébauches sont enfin, pour moi, des moyens de « faire avancer » la question du poème à travers la publication en ligne.

 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

Photographie © Jean-Baptiste Mognetti, 2014.

LE CAPITAL DES MOTS - FRANÇOISE COULMIN

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INSTANTANÉS

1

Deux petits dieux s'éclaboussent

en riant dans l'écume

pendant que

portes ouvertes

l'église déborde jusqu'au rivage

des amis éplorés du Grand Mort.

 

3

Chenille-éclair dans la brume du soir

un train s'empresse

effaçant l'horizon

deux biches étonnées ont dévalé le talus-liseré

Mystère

Fugacité sauvage.

 

4

Lecture poétique assidue dans les champs

récitants et public attentif

Dans le silence d'un printemps opulent

un couple de chardonneret amoureux

se poursuit et revient

revient encore

chahut indifférent.

 

 

***

 

DU NÉANT

 

Des prairies parfumées d’étoiles

frémissantes

ondulaient au ressac de multiples marées

Des âmes fières partaient

en quête de vallées habitées

écho cherchant écho.

 

La mer empilait des montagnes

vomissant des cavales hennissantes

aux crinières d’écume.

Des galops de tonnerre

s’engouffraient dans des grottes

stériles

aux fragiles colonnes

 

Souffle des incendies

gerbes néantissantes

torches en deuil et laves rouges

Désertion de l’esprit

à moins

que ne reflue d’en bas un cri,

fumet d’humanité

 

Aucune trace de pas figé

ou de foyer

le vent s’entête filant ses théories

perverses

Pluie de nuit évinçant le soleil

obscure vitalité prolongée

en errance

 

Le vent chauffe

à l'abri des talwegs

fumées aromatiques

en espoir de printemps

orgueil et devenir

agacent spectres

et tempêtes

 

Des âmes fières

en quête de vallées

s'attardent à habiter

écho cherchant écho

J’aurais aimé vivre ici

pour y conclure un pacte

de ferveur.

 

 

FRANÇOISE COULMIN

 

 

Plus d'infos :  http://www.printempsdespoetes.com/index.php?url=poetheque/poetes_fiche.php&cle=221  

 

 

LE CAPITAL DES MOTS - GHISLAINE LEJARD

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Madeleines- Christian Bulting - Editions du Petit Pavé - DR

Madeleines- Christian Bulting - Editions du Petit Pavé - DR

Texte de présentation : Prix Audiolecture remis le 19-07- 2014 à la Mairie de Nantes

 

 

Madeleines C Bulting éditions du Petit Pavé

 

Issue d’une longue tradition, l’autobiographie est aujourd’hui un genre très apprécié, nombreux sont les auteurs contemporains qui ont rédigé des récits de vie, mais le plus souvent, ce sont des récits narcissiques, au moi obni présent, chez Christian Bulting, le moi s’efface devant l’autre, le personnage central de son récit, Madeleine, sa grand-mère.

Aujourd’hui, ces récits sont souvent des confessions douloureuses de drames intimes avec parfois la recherche de la résilience, mais le plus souvent l’écrit permet de régler ses comptes avec le passé et les autres.

Le sien s’inscrit dans une tradition plus lumineuse, dans la tonalité des textes de Colette ou de Marcel Pagnol. Son enfance fut heureuse, son texte traduit la tendresse et l’amour partagés en famille. Une famille dont les battements de cœur furent pour lui ceux de sa grand- mère.

En lisant ce livre, j’ai pensé à cette phrase de François Cheng : « Parfois les absents sont là, plus intensément là. »

Madeleine est bien là, vivante, avec lui et avec nous. Christian Bulting nous fait revivre ces années 60. Il nous fait remonter le temps, son temps et aussi le nôtre. Il nous emporte dans les odeurs de confitures de mûres, de poires et de pommes cuites, ce sont toujours pour lui les odeurs du bonheur :

« Odeur un peu écoeurante de la compote chaude, plus grumeleuse que celle achetée toute prête, odeur des pommes qui cuisent doucement dans le four, parfois jusqu’à la caramélisation, ferme mollesse une fois refroidies et entamées à la petite cuillère, fins de repas partagés au goût de bonheur, d’amour, dans le présent éternel de ceux qu s’aiment. » (p.124)

En ces années-là, les desserts étaient souvent les fruits de saisons cueillis au jardin, et non les yaourts fruités en toutes saisons. Il y avait parfois des entremets à la vanille.

Toutes ces odeurs, ces goûts retrouvés sont autant de « madeleines » ce qui nous explique ce titre MadeleineS ; à ce titre éponyme, s’ajoutent toutes ces mémoires olfactives et gustatives. Marcel Proust n’a pas le monopole des madeleines et sa grand-mère lui en a laissées au goût inimitable…

Christian Bulting nous dépeint toute une époque balnéaire, où les mamies encore pudiques n’osaient pas se mettre en maillot de bain, l’époque où elles prenaient des bains de pieds, l’époque où elles portaient encore des corsets roses couleur malabar.

Autour de sa grand-mère, dans la villa familiale de La Baule, membres de la famille et amis se retrouvaient : le grand-oncle, le tante Nini, la tante Jeanne, Amandine et Georgette, les Bensimon, pas les tennis tant aimées encore aujourd’hui des adolescents, mais une vieille dame et un vieux monsieur exquis qui venaient passer y quelques jours.

C’était le temps du jeu des mille francs à la radio, animé par Roger Lanzac, de la pêche aux palourdes plage Benoît, de la « permanente » souci constant de sa mamie, du pliant dont il avoue avoir eu un peu honte ! Mais, « Il n’y a pas d’amour sans vérité. » a si bien dit Ravanel ; cet amour qu’il lui porte, n’empêche pas son regard agacé sur certaines de ses habitudes.

« Objet singulier et laid(…) à portée de la main dans un placard du couloir, le pliant(…). Nous trimbalions la chose à travers les rues de la Baule(…) sans doute étais-je éclaboussé par le ridicule de la situation… » (p.77)

Mamie n’est pas une sainte, pas d’angélisme dans ce récit, elle est aussi une propriétaire « inflexible et cupide »

«  Madame Anizon avait devant elle une femme que je ne connaissais pas, une propriétaire dure, inflexible, cupide, une bourgeoise avec des réflexes de classe, des droits du plus fort, une ennemie des ouvriers, des pauvres, une ennemie de son passé, de ses origines modestes, de la tourbe d’où elle venait… »(p.118)

Si Marcel Proust est à la recherche du temps perdu, lui comme il le dit poétiquement, nous fait entrer à «  l’intérieur du temps », celui des êtres aimés, le sien, le nôtre parfois quand ses souvenirs croisent les nôtres.

« Les jours où le ciel est couvert, l’abri des arbres se transforme en refuge au cœur de la ville, au cœur du monde, au cœur de la vie. Il y règne une odeur de terre, une atmosphère étrange comme si on était entré à l’intérieur du temps. »(p.131-132)

Nous entrons aussi avec lui dans un temps qui rappelle les toiles de Monet et les vergers de Van Gogh, on retrouve dans ses descriptions l’atmosphère qui se dégage des toiles de ces maîtres.

L’écriture, précise et poétique, est née de ces sensations éprouvées dans l’enfance ; l’enfance ce temps de la contemplation où le futur écrivain, poète : « interroge le mystère de l’univers » (p.41).

Un beau texte, qui fait œuvre de mémoire : « je découvrais qu’au cœur du présent, une grâce donnait à l’existence sa dimension humaine : la mémoire. ». Une mémoire, qui n’est pas sans rappeler un poète que Christian Bulting aime : René Guy Cadou. Les souvenirs de ce récit s’accordent à certains de ses vers : « Odeurs des pluies de mon enfance/Derniers soleils de la saison/À sept ans comme il faisait bon… »( R G Cadou)

Christian Bulting rend un très bel hommage aux êtres qui l’ont aimé et qui l’ont quitté, ses mots les font alors revivre et c’est tout le don de l’écrivain que de faire du passé, un présent qui se prolonge à la lumière des sentiments encore vifs.

Ce que nous confirment bien les derniers mots du livre :

« L’existence d’un être ne peut se révéler que dans les mots. Au –delà des clichés. Dans la lumière de la mémoire. »

 

GHISLAINE LEJARD

 

 

Plus d'infos : http://ghislainelejard.blogspot.fr/

 

 

 

 

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Christian BULTING

Écrivain

Christian Bulting est né en 1953 à Guérande (44). Professeur de philosophie dans un lycée agricole, il vit à Orvault près de Nantes. En 1979, il fonde la revue et les éditions À contre-silence (54 publications entre 1979 et 2000).
En 2011, il obtient le Prix de Poésie de l’Académie de Bretagne et des Pays de la Loire pour l’ensemble de son œuvre.
Il participe à différentes institutions poétiques :
la Demeure de René Guy Cadou (président de 1992 à 1994), la Maison de la poésie de Nantes (secrétaire de 2001 à 2004).
Il a publié 19 livres.
Dernières publications :
La poésie de Daniel Biga (anthologie), Gros Textes, 2006
Avec ton corps, Petit véhicule, 2006
Vieux bluesmen, Gros Textes, 2007
L’homme qui faisait parler les choses (postface - conte-portrait - à Humour blanc et autres fabliettes, Guillevic), Seghers, 2008
Un jour d’exercice sur la terre,  Gros Textes, 2011
Madeleines, récit, Le Petit Pavé, 2011
A également publié dans une cinquantaine de revues et anthologies.
Traduit en allemand, portugais, hongrois, géorgien.

 

 

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